Départ imminent pour un voyage dans la culture musicale de nos îles… Bélè, Maloya, Kompa, Biguine…tout y est !!! Alors suivez le guide.
Je vous propose ici une présentation des différents styles musicaux qui font notre richesse musicale.
Le Bélè
Le saviez vous ? Le bélè tient ses origines du Dahomay (aujourd’hui appelé Bénin). A l’origine, il était appelé « djouba », ce nom est d’ailleurs encore utilisé en Haïti.
Aujourd’hui il est essentiellement représenté en Martinique.
Il se distingue par différents rythmes qui symbolisent et interviennent dans des moments de vies précis.
Ainsi, il y a le bélè de travail (fouyé tè, rédi bwa…), le bélè pour les veillées mortuaires (karésé yo, bénézuel…), le bélè de divertissement (grand bélè, danmyé…) et le bélè de danse (mabélo, woulé, mango). L’idée qui en ressort est qu’il s’agit d’une musique de courage dans les moments difficiles (mort, travail acharné…), et d’une musique de réconfort et de plaisir.
Le Gwo Ka
Les recherches musicologiques permettent aujourd'hui de trouver les racines du Gwo Ka dans les percussions et dans les chants des pays de la côte ouest du continent africain (Golfe de Guinée, ancien royaume du Congo...).
Le Gwo Ka s’organise autour d’instruments de deux types :
-les « boula » qui sont des tambours sur lesquels sont frappés les rythmes de base. Ceux-ci sont fait avec une peau de cabri mâle.
-les « makè » dont se dégage des sons plus aigus et jouent un rôle clé dans l’improvisation. Ici il s’agit de peau de cabri femelle, c’est d’ailleurs ce qui donnerait ce son plus aigu. (sans commentaires s’il vous plaît).
Le Gwo ka aussi se caractérise par une adaptation de son rythme à la situation, au sentiment du moment. Il y a setp rythmes ou danses :
*Le Lewoz qui est un rythme guerrier, il rythmait les attaques de plantations, mais renvoie aussi à une danse incantatrice.
*Le Kaladja qui symbolise la lutte en amour.
*Le Kagenbel qui est une danse de la coupe de la canne.
*Le Toumblak, comme le Kaladja, reprend le thème de l'amour, la danse du ventre, la danse de la fertilité, de la terre.
*Le Grage accompagne les travaux de production agricole (ex : le grage manioc, le jardin, la cueillette).
*Le Roulé est la "valse créole" pour charmer et c’est sur ce rythme que les esclaves singeaient le blanc.
*Le Mindé serait le dernier rythme arrivé au pays, il symbolise le carnaval, la fête collective.
La Biguine
Imaginez vous qu’il s’agit du résultat du mariage du chant et des rythmes du bélè à la « Polka » . (Oui oui, la Polka !!!). Nous avons les biguines de salon, de bal, et les biguines de rue. Cette dernière fut donnée par l’église pour responsable de l’éruption de la Montagne Pelée en 1902.
Après la catastrophe de Saint Pierre, la biguine fut interdite à Fort de France.
Les musiciens noirs ne récoltant aucune reconnaissance de leur talent dans leur île, c’est à Paris que les plus grands d’entre eux firent de cette musique la danse représentative des îles.
Musique si riche :clarinette, trompette, banjo, batterie, piano, violon, saxophone, guitare et contrebasse s’y croisent, se font la bise, se marient et font danser à l’époque.
Le Calypso
Originaire de Trinidad et Tobago, le Calypso était à l’origine accompagné par des percussionnistes tapant sur des barils de pétrole. Les chanteurs dénoncent les injustices sociales, commentent les faits divers, et brocardent les hommes politiques. Ces chanteurs sont des colporteurs d’évènements. Les Calypsoniens, comme on les appelle, ont chanté l’esclavage, la guerre, les grands ou petits malheurs de ce monde mais aussi l’amour corps et âmes. Jamais en mal d’un bon mot ou d’un trait d’esprit, ils ont croqué leurs semblables avec humour et tendresse.
N’ayant aucune censure, ils ont moqué les puissants, portant la satire et la double entente au rang d’un art qu’ils maîtrisent comme nul autre. Au fil du temps, l’instrumentation, les cadences harmoniques, les gabarits des strophes, et même le langage ont varié.
De nos jours, le calypso est intimement lié au Carnaval.
Le Chouval bwa
Dans les manèges traditionnels martiniquais où les hommes poussaient d’eux-mêmes les chevaux de bois, il y avait un orchestre au milieu du manège. Cette musique fut amélioré et surtout popularisé par Dédé Saint-Prix, et c’est à partir de cette contribution qu’est né ce rythme « le chouval bwa ».
Le Compas
Le Kompa (ou Kompas, Compas, Konpas...) est un musique que nous devons à Haïti par le saxophoniste Jean-Baptiste Nemours. Il s’agit d’un dérivé de la méringué (version haïtienne du merengue de Saint Domingue), et proche du calypso. Ce style s’est bien exporté d’Haïti et a donné naissance aux Antilles françaises à un autre genre musical : le Zouk.
Le Zouk
…autrement dit Kassav’. Car c’est eux qui l’ont inventé. Le groupe voit le jour en 1979 suite à la rencontre de Pierre-Edouard Decimus et de Jacob Desvarieux qui tous deux avaient pour ambition que les Antilles aient une musique emblématique et représentative. Objectif atteint !!!
La recette de ce mélange détonnant et nouveau ?
Une musique entraînante, dynamique, et surtout qui pénètre au plus profond de celui qui se laisse aller. Des paroles qui, à l’époque étaient plus raconté que chanté (man di zot man faché, man lévé faché…).
Aujourd’hui il est davantage question de zouk love.
La Merengue
Dans sa forme traditionnelle, le Merengue était joué avec un accordéon, un saxophone, une boîte à rythme avec de petites clés métalliques, un guayano (sorte de rape metallique provenant de l’ustensile de cuisine) et un tambour à 2 faces frappé d'un côté avec la main et de l'autre avec une baguette.
En République Dominicaine, le Merengue a explosé pendant le règne du Dictateur Rajael TRUJILLO, qui prit le pouvoir dans les années 30 jusqu'à son assassinat en 1961. TRUJILLO était d'origine paysane et il a promu cette musique au rang de symbole de l'expression nationale et de la culture de la classe populaire. Il limita son rôle traditionnel à celui d'une musique revendicative, mais instaura un forum pour les musiciens dans les salons de danse. De grands orchestres de Merengue se développèrent, avec des pianos et des cuivres pour contenter leurs nouveaux auditeurs de la Ville.
Le plus souvent, maintenant, le Méringue se comprend comme un big-band, une musique de danse qui utilise des instruments hi-tech, cousine de la Salsa.
Le Ragga
Le ragga n'est pas seulement un rythme, c'est aussi une manière de vivre. C'est un moyen d'expression. Il permet aux toasters d'exprimer leurs inquiétudes, leurs rêves, leurs frustrations, leurs envies. C'est un moyen de lutter contre l'oppression, de se libérer.
L'homme raggamuffin est un combattant, parfois rebelle, souvent anti système.
Il s’agit là d’une présentation du ragga à sa naissance mais aujourd’hui le ragga est une musique reconnue, à part entière qui n’a rien de marginal (en tout cas pas chez nous).
Le Ska
Il s’agit d’une sorte de blues jamaïcain qui est le fruit du métissage du blues avec les rythmes des îles Caraïbes, issus en particulier de musique comme le mento.
Le ska, musique saccadée et comportant une rythmique de guitare à contretemps, naît de cet amalgame. Le groupe phare de ce style est Skatalites, qui se produit encore aujourd'hui. Il devient rapidement une formation culte en Jamaïque. Le ska, première musique typiquement jamaïcaine à pouvoir réellement se faire connaître à l'extérieur, est en outre à l'origine de l'apparition de producteurs importants, tels Prince Buster ou Jackie Edwards.
Le Reggae
Le reggae a pour origine deux genres musicaux très précis: le ska et le rock steady.
Qu'est-ce qui distingue le reggae des styles précédents ? Principalement trois éléments. D'abord l'importance accrue de la section rythmique, en particulier d'une basse au son imposant et de la batterie, dont le rythme syncopé est essentiel. Ensuite son aspect "ondulant" et progressif, qui fera que le reggae sera rapidement considéré comme une musique "hypnotique" (avec l'imagerie afférente aux substances illicites...). Enfin, dès ses débuts, le reggae s'affirme comme un style musical revendicatif, prônant des thèses politiques et religieuses, en accord avec l'évolution de la Jamaïque, et en particulier le message du rastafarisme.
Soleil et insouciance pour les Occidentaux, révolte et revendication pour les Jamaïcains, le reggae est surtout devenu le terreau du développement du rastafarisme, cette religion (ou spiritualité) typique du ghetto jamaïcain, qui prône le retour à l'Afrique (mouvement "Back to Africa"), et qui eut pour prophète local Marcus Garvey.
En peu de temps, le reggae trouve dans le public rock occidental une sorte de relais de ses thèses, d'autant que celui-ci se lassait des frasques de ses rock stars. Les messages du reggae sont simples: oppression de "Babylon" (l'Occident), amour, conscience universelle, émancipation du Tiers-monde... C'est justement cette simplicité qui va rapidement convertir les publics occidentaux.
Pour ceux qui ne le sauraient pas : Bob Marley n’a pas inventé le reggae.
La Salsa
La salsa, c'est "la sauce" en espagnol, un mot bien approprié pour décrire la multiplicité de ses origines.
La Salsa serait née dans l'Est de l'ïle de Cuba. Elle aurait atteint les provinces occidentales et La Havane au début du 20ème siècle.
Ce rythme aurait été inventé à la fin des années soixante, les Portoricains installés à New-York ont commencé à jouer de la musique cubaine tout en y apportant leur propre cachet.
Généralement, les orchestres traditionnels viennent d'Oriente, une province très éloignée de La Havane et qui est restée beaucoup plus proche de ses racines. Du coup, ce folklore est encore très vivant dans la culture populaire et se perpétue donc naturellement.
Les paroles ont toujours été anecdotiques. En fait, à Cuba, les chanteurs ont trois grandes sources d'inspiration. Premièrement, l'amour, la femme et plus particulièrement la mulata (femme métissée) qui affole les hommes. Deuxièmement, la religion afro-cubaine. La troisième, c'est la nourriture, mais aussi la vie quotidienne : le mari qui trompe sa femme, le facteur qui s'est acheté une nouvelle voiture...
Le Séga
Musique de l’Océan Indien, selon les témoignages tirés des récits d'époque, le sega désignait autrefois un phénomène musical et dansé appartenant a la communauté des esclaves et probablement issu d'une fusion des styles africains et malgaches. Le mot sega, tsiega ou tchéga d'origine africaine, voudrait dire selon le linguiste Robert Chaudenson, relever, retrousser ses habits, geste de danseuses qui se retrouve sous des formes différentes dans tous les ségas de l'Océan Indien.
Le Maloya
Le maloya, musique des esclaves réunionnais, resta longtemps à l'écart de la scène publique, joué dans les camps de travail lors de fêtes privées. Considéré indésirable par la société bien pensante, probablement interdit, il fut néanmoins préservé dans les familles, jouant un rôle dans des rituels appelés service malgache ou service kabare.
Dans les années 60, le maloya ressurgit, porté par une vague de revendication et supporté par le parti communiste local, qui en fait son cheval de bataille. Ressorti du fait noir, il devient alors l'expression des jeunes, de ceux qui contestent le système.
Toutes ces musiques ont un point commun : elles sont le miroir, l’âme, la pulsation vitale de la société dans laquelle elles évoluent. Musique de courage, musique de joie, musique de peine, musique de fête, musique de vie tout simplement. Et n’est ce pas là la plus belle musique qui soit : celle qui ne ment pas, celle qui vous touche, celle qui vous donne le courage d’avancer…MIZIK SE SEL MEDIKAMEN NOU NI